Je suis allé à Varsovie une dizaine de fois. Et à chaque fois, je suis resté une ou plusieurs semaines. La raison est que je suis très attaché à cette ville. En fait, là-bas, j'ai de la famille et des amis. Il n'y a rien de surprenant que je me sente chez moi. A travers la photographie, j'essaie de transmettre l'atmosphère de cette ville que je trouve attachante. Il faut avoir à l'esprit que cette ville a été détruite à 85% durant la deuxième guerre mondiale. 60% de cette destruction fait suite à l'insurrection de Varsovie en 1944. Ainsi cette ville peut être comparée au Phénix qui renaît de ses cendres.
La rive gauche de la Vistule à Varsovie a été complètement reconstruite. C'est ainsi que cette partie de Varsovie est moderne, sans complexe au niveau architecture, tout spécialement au centre de la ville. En revanche, la vieille ville, relativement petite, a été reconstruite à l'identique de ce qui existait avant la guerre. Aujourd'hui, c'est l'endroit que les touristes affectionnent. La rive droite de la Vistule, quant à elle, est ancienne. Elle s'appelle Praga. Ce côté ne fut pas détruit pendant la guerre. Ainsi, on y trouve de vieux quartiers avec des cours intérieures et de petites chapelles qui surprennent les photographes. Ici l'atmosphère est populaire mais les touristes ne s'y aventurent pas et le photographe doit se faire accepter.
Il faut rajouter que la ville est dotée de parcs où il fait bon se promener. En été, des concerts sont donnés en plein air. Ainsi dans certains endroits règnent une atmosphère bucolique. En d'autres termes la vie est douce et agréable. Par exemple, en juillet, dans le Parc Łazienki de grands interprètes jouent la musique de Chopin devant une grande assemblée, assise dans l'herbe.
A Varsovie, on consomme la Culture d'une manière décontractée. Les Varsoviens n' hésitent pas à visiter les expositions en famille. Cependant, les adolescents préfèrent se retrouver sur le bord de la Vistule et bavarder ensemble, une bouteille de bière à la main.
Les soirs d'été, les terrasses de café sont bondées. Ainsi le temps s'arrête. Tout simplement on discute et on rit entre amis.
Chaque année, le premier août à 17 heures, Varsovie s'arrête. Pendant quelques minutes tout semble mort. On appelle cet instant “Godzina W”. C'est l'heure exacte à laquelle l' Insurrection de Varsovie éclata en 1944. Le moment du souvenir commence. Rapidement les Varsoviens de tout âge descendent dans la rue avec leur drapeau pour rappeler au monde qu'ils ont su braver les Nazis pendant 63 jours en 1944 bien que la bataille fut perdue et que la ville fut détruite à 60% par les Nazis en représailles.
Comme résultat de ce souci de mémoire, au tournant de beaucoup de rues, vous tombez sur une plaque qui rappelle que là est tombé un jeune de 20 ans qui a combattu dans l'armée de l'insurrection : "Armée de l'intérieur“.
Par dessus tout, la Pologne est un pays qui est resté profondément catholique. L'église est puissante et engagée. Il n'est pas rare que des prêtres prennent la tête de manifestations publiques.